2024

Là où le Ciel et la Terre se touchent

Espace Larith, Chambéry, FR

Ce projet d’exposition s’articule autour de la relation au paysage et au lieu. Il part du constat que nous avons perdu cette capacité d’entrer en relation avec la nature mais aussi avec le paysage, c’est-à-dire ce qui nous entoure. Cette affirmation peut paraitre paradoxale alors qu’un regard semble suffire pour voir et comprendre un paysage. Au-delà de la fonction rétinienne, que voit-on vraiment ? Si le paysage désigne la partie du monde qui s’offre au regard, il dialogue avec nos mondes intérieurs et nos sentiments intimes.

 

Interrogeant la crise de la sensibilité que nous connaissons aujourd’hui, je développe dans mon travail une réflexion autour de ce que j’ai nommé em-paysement. Je tente de repenser plastiquement la relation au paysage en déployant une pratique et une posture qui me place non plus devant lui mais en immersion, comme faisant partie d’un tout. Cette relation charnelle au paysage vivant implique les sens et le corps dans son entièreté. L’œil n’est plus le seul dispositif du dialogue avec ce qui m’entoure.

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Mon corps artiste, femme dans le paysage agit comme un sismographe retranscrivant de différentes façons, ce qui est ressenti, où le contact sensible et une attention flottante servent de médium à la réalisation de l’œuvre. Je deviens en quelque sorte le prolongement de ce que me confie le paysage, je suis avec lui, il est avec moi. J’agis et j’interagis avec lui, nous co-existons. En cela, ma pratique artistique entre en résonnance avec les propos de J M Besse quand il écrit que le paysage est vécu comme l’expérience d’une traversée (…), d’une immersion qui agite en quelque sorte le corps et le met dans un certain état. Il s’agit bien de vivre le paysage comme une  donnée sensible, l’habiter et être habiter par lui. (La pensée paysage, Michel Collot)

Différentes expériences à l’occasion de résidences d’artistes en France et en Asie m’ont conduit à renforcer ma manière de faire et de sentir. Que ce soit un lieu de nature, empreint de spiritualité où visible et invisible constituent une trame subtile, ou une zone urbaine à la fois, lieu intermédiaire et périphérique, j’expérimente un certain mode d’être au monde. Mon corps entre en résonnance avec ces lieux de bien des façons : dessiner en marchant, dessiner en fermant les yeux, utiliser des matériaux naturels, en essayant diverses tactiques afin de bousculer mes repères me plaçant dès lors dans une attention et une écoute particulière, au plus près de ce que je ressens. Cela passe aussi par le mouvement de la marche, par des collectes, des frottages ou estampages in situ, mais aussi des « prélèvements » visuels par le biais de la photographie, de ce qui fait trace et récit. Ma posture est de me mettre en état de laisser œuvrer la sensation.

exposition anne laure h-blanc espace larith chambery
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© Crédits photographiques Didier Gourbin

Artiste plasticienne

Anne-Laure H-Blanc