L’arrière Pays (2015)

Dans tout paysage vivent des paysages perdus. Des paysages d’avant, ailleurs qui se surimposent aux paysages dans lesquels nous nous tenons ici et maintenant. Dans chaque paysage, il y a tous les tremblements de chaque paysage perdu, qui remonte en nous.                                                     JP Ameisen

empreintes, griffures légères, stries déposées sur les rouleaux, végétaux – ramassés le matin même ne pas dire plutôt suggérer, superposer à l’infini, faire advenir à la surface du papier, restituer
recommencer, garder la trace de l’empreinte précédente, la superposer à celle qui viendra, fantôme
saisir et surprendre le regard, recommencer, effacer, à peine, une trace ici ou là qui pourrait être plus qu’une trace, un quelque chose qui nous emmènerait loin, au plus profond
recommencer, écrire dans l’espace, les lignes dansent, s’arc-boutent et résistent au passage du rouleau, réapparaissent, les encres
fluides et légères deviennent transparentes, voile à peine visible, dessus-dessous
glacis d’océan d’où sourdent des choses étranges, monde aquatique, calme apparent, étrangeté et bruissement
tout est là sous les yeux, se frayer un chemin à travers la pierre calcinée, les eaux dormantes, franchir les cols des hauts sommets, ne
jamais revenir, pas de repentir
superposer encore une fois, palimpseste
temps ancien où nous n’étions pas, temps où nous ne serons plus, temps qui passe
garder une trace, convoquer, inscrire l’infime, l’invisible rendu visible.

montagnes-eaux

Monotypes, sur cartonnette, formats divers