Anne-Laure H-Blanc cherche à renouer avec les formes sensibles du vivant.
Tel un sismographe, elle tente d’en transcrire les moindres frémissements. Lorsqu’elle arpente un territoire, elle recherche avant tout le dessillement du regard à la fois dans son immédiateté et sa fulgurance. Sa quête de l’infime passe par la captation et la collecte puis par la traduction et la restitution des traces de ce qui a été saisi et ressenti in situ.
Si la nature est sa principale source d’inspiration, elle considère que le paysage est le lieu de toutes les mémoires. Que ce soit à travers la peinture, le dessin, l’estampe, la photographie ou l’installation, elle donne à voir des sensations liées au souvenir d’une ombre, à la silhouette d’un végétal, au fragment d’un paysage embué… Couches, glacis, traits, lignes se superposent et s’entremêlent pour dire le ténu et mettre au jour l’imperceptible.
Le papier reste son support de prédilection avec lequel elle entre en interaction selon le médium utilisé. La gestuelle est primordiale et implique un réajustement permanent entre plein et vide. Vitalité du geste spontané ou lenteur d’un motif répété, sont deux voies pour exprimer la fragilité et l’éphémère. Chaque action accomplie obéit à un rituel : déposer, superposer, frotter, tisser, recouvrir, imprimer pour au final révéler une image, la faire advenir à la surface-peau du papier. L’utilisation de la série dans son travail est une façon d’entrer en résonance avec son sujet et par là-même de l’inscrire dans une temporalité.
L’image perçue par le regardeur devient alors, pour reprendre les mots d’Henri Maldiney, ‘une transposition sensible’, qui l’autorise à se laisser emplir de ses émotions, véritables liens d’intimité aux Êtres et au Monde.